Nous avons tous des désirs et des envies. Désir de passer une bonne nuit, envie d’un thé chaud, désir de voir un pays, envie d’une balade en forêt. Nos loulous aussi ont les leurs mais il n’est pas toujours facile de les comprendre. Je ne parle pas ici de leur désirs « de base » (manger, sortir, être aimés, caressés, choyés, avoir de l’eau propre et j’en passe), je parle de leurs désirs particuliers, ceux qui varient d’un individu à un autre en fonction de son caractère. Déjà leur caractère justement permet de connaître certains de leurs désirs mais parfois on ne comprend pas bien ce qu’ils essayent de nous dire et ce qu’ils veulent.
Il nous arrive également de « confondre » nos désirs et les leurs, ou de vouloir absolument que nos désirs deviennent également les leurs. Après tout, nous nous sommes trouvés, ce n’est pas pour rien, non ? Il n’est parfois pas évident pour un gardien d’admettre que l’envie de son animal ne corresponde pas à la sienne, que sur certains points ils divergent, nous qui nous croyions complémentaires, quelle déception… et pourtant ! Il n’y a pas de hasard ! Petit exemple personnel. J’ai envie de faire du cirque avec mon cheval et ce avant même de l’avoir, j’imagine depuis des années des numéros burlesques qui feraient rire petits et grands et où mon cheval et moi-même on s’éclaterait ensemble. Sur ce, Layon est arrivé dans ma vie et je me suis vite rendue compte qu’il perdait toute sa fougue dès que je m’appliquais à vouloir lui enseigner quelque chose en rapport de près ou de loin avec mon envie. J'ai mis un peu de temps à comprendre (je me disais que c’était moi qui faisais pas comme il fallait) mais j’ai rapidement accepté le fait que le désir de Layon c’était les balades, l’extérieur les séances de gratouilles et éventuellement les jeux à pieds mais en mode « je me défoule et toi tu prends des photos ». Nos désirs divergeaient donc et il y a là 2 manières de réagir : frustration ou acceptation. La frustration arrive souvent quand on ne se lâche pas la grappe, quand on ne lâche pas prise et on passe alors à côté de belles choses car ce qu’ils ont à nous apprendre on se le cache et on s’en prive à cause de la frustration. En acceptant au contraire, on s’ouvre à l’autre (ce qui vaut pour l’animal vaut aussi pour l’humain!). En acceptant les désirs de Layon, il m’a ouvert son monde sa perception des choses, les balades avec lui sont magiques ne serait-ce qu'en regardant ses yeux pétillants de bonheur. Son envie de découvertes, de nouveaux chemins, sa façon de se lasser très vite des mêmes balades me confronte à moi-même et à mes propres peurs de l’inconnu. Non, nos loulous ne sont pas dans nos vies par hasard et en reconnaissant et acceptant leurs désirs, on peut voir tout ce qu’ils ont à nous offrir. Cela ne veut pas dire que vos désirs seront forcément différents, s’ils sont identiques, c’est que vous avez quelque chose à apprendre dans cette similarité.
Pour entendre les désirs profonds de nos animaux, c’est simple et difficile à la fois. Le processus est simple, l’application peut être compliquée pour certains. Il faut laisser nos propres désirs de côté, avoir la nette intention de voir ceux de notre loulou, se projeter en lui, ressentir ce qu’il veut sans y mettre nos espérances ni nos peurs ni nos doutes dedans. Il faut avoir l’humilité nécessaire pour mettre notre ego et notre mental de côté et laisser les envies de l’animal venir à nous. Ça peut venir sous forme d’images, de sensations, de sons, pendant une seconde vous vous direz « c’est ça ! » et même si vous doutez après ou si vous êtes déçus , la première impression sera la bonne.
Ça arrive d’être déçu , et en soi c’est quelque chose qu’il faut simplement dépasser car derrière il y a toujours de belles choses. Mais il arrive aussi de ne pas y arriver. Par exemple une cavalière qui achète un cheval spécialement pour le saut mais qui apprend que son désir à lui c’est l’endurance, forcément ça pose un souci. Quand il y a des ambitions derrière, c’est plus dur bien sûr de ne pas être déçu . Tout comme un gardien qui achète un chien pour en faire un chien de troupeau alors que le toutou préfère clairement rester au coin du feu et n’a aucun désir de mener ledit troupeau. Alors que va faire cette cavalière ? Ben des fois, à mon grand regret, pour mon plus grand malheur, elle va s’acharner à le faire sauter et à enchaîner car « il a les capacités pour ! ». et le cheval va sombrer dans la mélancolie car il aura exprimé ses désirs mais ceux-ci n’auront pas été pris en compte. L’issue du scénario est soit la revente du cheval, soit l’acceptation de la cavalière. Mais avant cela le cheval aura subi une période bien peu plaisante et nul doute que la cavalière en sortira tout autant frustrée surtout si les résultats ne suivent pas. Cette souffrance aurait pu être évitée, la cavalière aurait pu choisir de prendre en compte directement les désirs de son cheval, que l’issue de cette acceptation soit la revente ou le chemin vers une autre discipline. Même si leur chemin se sépare, leur rencontre aura amené quelque chose à chacun.
Être à l’écoute de son animal, c’est être à l’écoute de ses désirs, être à l’écoute de ses désirs, c’est prendre en compte qui il est et l’aimer pour qui il est.
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